Mes réflexions sur la campagne de l'élection à la présidence de la République est ce que j'en attendais. Mes objectifs étaient modestes, du moins, je le croyais. Je suis bien forcé, aujourd'hui, de me rendre à l'évidence : ils étaient terriblement ambitieux. Bien sûr, en menant campagne pour la Présidentielle, je ne briguais pas le pouvoir, surtout s'il devait être personnel. Pour moi, en effet, le pouvoir n'est pas une fin en soi, mais seulement un moyen au service d'un projet.

Je disais donc que je ne voyais en l'élection à la Présidence de la République et la campagne qui la précède, qu'une tribune pour moi et les amis de " C.E.S.P.R.I.M.E.R... Autrement ".

La suite des événements allait m'enseigner que cet objectif qui me paraissait très raisonnable (et même timoré), ne l'était pas du tout.

J'avais compris, et mes amis avec moi, que l'on ne nous donnerait pas la parole. Naïfs, nous pensions pouvoir la prendre.

J'assistais, en effet, à une confiscation de cette tribune d'un côté, par les médias, de l'autre, par les dirigeants des associations et des syndicats.

Les médias nous ont opposé la conspiration du silence. Il était déjà difficile de trouver un interlocuteur dans les journaux et les agences de presse mais quand d'aventure, nous arrivait la chance d'en trouver un, le papier, l'interview, ne paraissaient jamais. Prétexte courtois, on ne l'a pas toujours été à notre endroit, on nous passait un baume flatteur (et lénifiant) sur le c¦ur et ses écorchures : " Votre registre est tellement particulier et pertinent qu'il n'est pas facile de vous cataloguer ".

Nous, nous aurions accepté qu'on nous mît n'importe où pourvu qu'on nous diffusât tant soit peu.

" Vous avez vraiment quelque chose à dire, on le sentŠmais le moment n'est pas choisi. On vous garde en réserve, pour la bonne bouche s'entend. ".

Nous, nous aurions préféré un moment pas bien choisi que pas de moment du tout et de nous trouver enfouis au plus profond d'un tiroir.